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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 08:54

Posté par Damien Leblanc le 17.05.11 à 12:50 | tags : cannes 2011, sélection officielle, festival de cannes

Le Havre n'était pas le plus médiatisé des films de la compétition cannoise, ce qui a permis à la nouvelle réalisation d'Aki Kaurismaki de créer ce matin une magnifique surprise sur la Croisette. Tournant pour la première fois en langue française, le cinéaste finlandais signe une oeuvre follement optimiste et inspirée, sur fond de traque des sans-papiers.

Ex-écrivain exilé au Havre, Marcel Marx (incarné par André Wilms, qui jouait le père bourgeois dans La Vie est un long fleuve tranquille) exerce le métier de cireur de chaussures et trouve du réconfort dans l'amour de sa femme Arletty (Kati Outinen, actrice fétiche de Kaurismaki). Croisant un jour le chemin d'un enfant immigré originaire d'Afrique noire (interprété par Blondin Miguel), Marcel va se démener pour lui faire rejoindre l'Angleterre...

Visiblement amoureux du Havre - qu'il présente comme le "Memphis français, la ville du blues, de la soul et du rock'n'roll" - Aki Kaurismaski déploie une énergie comique foudroyante pour traiter d'un sujet qui n'a à l'origine rien d'amusant. On savait le cinéaste adepte des personnages altruistes, mais il parvient ici à dépasser le seul éloge de la solidarité pour asséner une cinglante satire de ce qu'il appelle "la mécanique aveugle d'un Etat de droit occidental". Un malicieux dialogue insiste notamment sur l'inconsistance du langage politique contemporain et Brice Hortefeux en prend directement pour son grade lors de la diffusion d'un extrait de journal télévisé.

Au-delà de ce contexte politique, la ville du Havre se voit surtout filmée comme un rêve de cinéma. Démesurément courageuse et soudée, la galerie de personnages ressemble autant à un fantasme cinématographique qu'à un modèle éthique livré clés en main au spectateur. Désireux de faire revivre les grandes figures du film noir (Jean-Pierre Darroussin, excellent en inspecteur de police qui ne sourit jamais), Aki Kaurismaki côtoie aussi la mémoire de Marcel Carné ou René Clair.

Si le cinéaste finlandais déplore que le cinéma européen ne traite pas assez de "l'aggravation continue de la crise économique, politique et morale causée par la question non résolue des réfufgiés", il a ici trouvé une belle façon d'exprimer un point de vue tranché tout en maintenant intacte la luminosité de sa filmographie. Déjà Grand Prix du Jury en 2002 pour L'Homme sans passé, Aki Kaurismaki recevra-t-il cette année un nouvelle récompense cannoise ?

Voir les 3 extraits vidéo de Le Havre

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