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4 mai 2007 5 04 /05 /mai /2007 10:52

03.05.2007

Quand on parle des pays nordiques, ou pourquoi le nez de Nicolas s´allongeait tant, mercredi soir

Hier soir, dans le débat, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se sont référés aux pays nordiques à plusieurs reprises. Je me sens donc autorisé à commenter leurs propos relatifs à ce sujet, car je bouillais de n´être pas sur le plateau pour m´exprimer. Frustré. Alors, au moins, si vous me le permettez, je vais corriger une erreur majeure, la plus importante d´entre elles, et celle qui m´incite à m´interroger sur les méthodes peu démocratiques utilisées pour déstabiliser l´adversaire.

Nicolas Sarkozy a en effet dit, je cite : « Il y a dix pays en Europe qui ont le plein-emploi. Cinq vraiment très forts : le Danemark, la Suède, l'Irlande, le Royaume-Uni et, d'une certaine façon, l'Espagne. Ça devrait vous frapper, madame Royal, il n'y en a pas un seul qui a fait le partage du temps de travail, les 35 heures. » Bon, cela paraît du bon sens, n´est-ce pas ? Vous avez entendu parler des 35 heures ailleurs qu´en France ?

Malheureusement, malheureusement, Nicolas Sarkozy, dont on dit qu´il était bien préparé, n´a pas dit la vérité. Dommage que Mme Royal n´ait pas connu les vrais chiffres au lieu de laisser son adversaire émettre de telles contrevérités (mot que l´on utilise en politique pour remplacer le mot mensonge) sur un sujet majeur : selon Eurostat, le nombre d´heures travaillées pour une personne à plein temps, incluant les heures supplémentaires, était en moyenne en 2006 de 41 heures en France, de 40,5 heures au Danemark et de 41,1 heures en Suède (site web: cliquer ici). On ne peut pas dire que les différences de durée du travail soient telles que cela justifie de « remettre les français au travail ».

Donc utiliser l´argument du recours aux heures supplémentaires pour relancer la croissance à cause des 35 heures est vain : les français travaillent déjà plus que les danois lorsqu´ils sont à temps plein.

Intéressant, non ? C´est cela, la base de réflexion économique sur la remise en cause des 35 heures ? J´ai un peu honte de mon pays, hier soir j´ai regardé le débat avec des amis nordiques…

21:39 Publié dans Campagne Suède

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4 mai 2007 5 04 /05 /mai /2007 07:49
Allez-vous vraiment faire ça ?

Alors, vous allez vraiment faire ça ?
Vous les plus purs que d’autres, les plus intelligents que d’autres, vous les plus subtils, vous les cohérents, vous les fins stratèges, vous allez faire ça ? Vous, les à qui on ne la fait plus, les durs du cuir, vous allez vraiment, en ne votant pas pour elle, voter pour lui?
Vous allez vraiment faire ça ? Vous allez le faire ?
Vous, les vrais de vrais de la gauche vraie, vous allez faire ça ? Pour cinq ans ! Pour cinq ans, peut-être dix, vous allez faire ça ?
Vous, les toujours déçus de tout, vous les amers, les indécis décidés, les lave plus blancs que blanc vous allez faire ça ?
Mais pourquoi ? Parce que quoi ? Parce que jupe ? Parce que  talons hauts? Parce que voix ? Parce que sourire, cheveux, boucles d’oreilles? Parce que vraie ?
Il n’y a rien qui vous aille dans son programme à elle, rien ? Pas cinquante propositions sur les cent ? Pas vingt ?  Pas dix ? Pas une ? Vraiment, rien du tout ?
Trop de quoi ? Pas assez de quoi?
Pas assez à gauche ? On voudrait, quitte à tout perdre, une campagne à gauche toute ?
Mais même l’extrême gauche, cette fois-ci, au deuxième tour ne joue plus à ce jeu-là. Peu importe, vous, vous allez y jouer ?
Le résultat du 21 avril 2002 ne suffit pas ? Non. On le refait en 2007, mais en mieux. Pas au premier tour, non, carrément au deuxième. C’est plus chic.

Que ceux qui ressemblent à Nicolas Sarkozy, ou qui croient qu’il leur ressemble, que ceux-là votent pour lui, quoi de plus normal. Que ceux qui lui font sincèrement confiance pour améliorer leurs dures vies, que ceux-là l’acclament et votent pour lui, quoi de plus normal. C’est même estimable.
Que les grands patrons votent Nicolas Sarkozy, pas tous d’ailleurs, loin s’en faut, non, mais par exemple les grands patrons de presse, qu’on a vu si nombreux, si heureux, à Bercy dimanche, qu’ils votent pour leur copain, qui va vraiment améliorer leurs belles vies, c’est moins estimable, mais quoi de plus normal?

Mais vous, une respiration possible, un air nouveau, un espace de travail politique, une chance espiègle, ça ne vous dit rien ? Vraiment rien? Mais qu’est-ce qui vous fait si peur ?
Les Italiens ont enfin chassé Berlusconi, les Espagnols, après une grande douleur révélatrice, se sont débarrassés  d’Aznar, et voilà que nous, à quelques milliers de voix près, nous allons repasser le plat de la droite dure ? 

Il y a un pari à prendre contre une certitude sombre, et vous ne pariez pas ?
Quels désirs obscurs allez-vous satisfaire ? De qui donc, de quoi êtes-vous secrètement solidaires. Ce ne peut-être que du bien de ceux qui ont besoin, vitalement, de mieux être. Vitalement. Maintenant.
Supporterez-vous dimanche soir d’apprendre  qu’il a manqué une voix ? Une seule. La vôtre.
Je vous en supplie.

• Ariane Mnouchkine • 

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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 11:02
 
 
LE MONDE | 30.04.07 | 14h15  •  Mis à jour le 30.04.07 | 17h18

Nous, salariés du secteur privé et du secteur public, entrepreneurs, professionnels de santé, enseignants, chercheurs, appelons tous les citoyens français à saisir l'occasion unique qui nous est donnée de choisir une voie nouvelle associant les aspirations et les talents de tous ceux qui souhaitent que la France change sans pourtant renoncer à ses traditions et à son génie propre. 

Aujourd'hui, nous sommes enfin une majorité dans ce pays à souhaiter un changement et des réformes profondes permettant de tirer parti des nouvelles réalités du monde moderne au lieu de les subir.

Nous sommes enfin une majorité à penser que la France est capable, comme plusieurs de ses grands voisins européens, d'adapter son modèle économique et social et son économie pour devenir plus performante sans faire porter aux salariés les moins qualifiés le poids de cet ajustement.

Nous sommes enfin une majorité à vouloir que ces changements soient fondés sur l'accord, négociés avec les partenaires sociaux, soumis à la délibération publique, mis en oeuvre par des échelons territoriaux réorganisés. Nous sommes enfin une majorité pour mettre en oeuvre une mondialisation équitable et profitable pour tous et pour faire de l'Europe l'instrument d'un monde juste, pacifique et écologiquement durable.

Nous sommes enfin une majorité à vouloir que le pays noue avec ses entreprises un nouveau pacte, fondé sur la responsabilité sociale, l'innovation, la qualité de l'emploi. Nous sommes enfin une majorité à vouloir un Etat impartial, solvable, maîtrisant la dette et l'équilibre des finances publiques, soucieux d'une dépense publique utile et efficace.

Aujourd'hui, nous avons enfin la possibilité de moderniser en profondeur la démocratie, d'inventer une social-démocratie à la française et d'avancer ainsi d'un cran vers une Europe capable d'affirmer son identité et ses valeurs fondatrices.

Aujourd'hui nous sommes une majorité à croire que la puissance publique doit être à la fois protectrice et active, forte et efficace. Apporter nos suffrages à Ségolène Royal le 6 mai, c'est faire le choix : d'une réforme profonde, sereine, délibérée et équilibrée de notre modèle économique et social ; de la priorité donnée à l'investissement dans l'éducation, l'innovation et la qualification ; d'un effort décisif et nouveau en direction des entrepreneurs et des PME ; d'une rénovation profonde de nos institutions politiques et de notre usage des fonds publics ; d'une approche qui concilie croissance et développement durable.

Apporter nos suffrages à Ségolène Royal le 6 mai, c'est faire le choix de la modernité, du changement et de l'avenir.


 

Figurent notamment parmi les premiers signataires :

Philippe Aghion, économiste ;
Martine Bidegain, conseil GRH ;
Denis Clerc, économiste, fondateur d'Alternatives économiques ;
Daniel Cohen ;
Jacques Delors, économiste ;
Frédéric Duval, directeur de Territoires publics, membre du Centre des jeunes dirigeants ;
Roger Fauroux, ancien président du Groupe Saint-Gobain ;
Philippe Grangeon, cadre dirigeant ;
Gaétane Hazeran, dirigeante de CMC Plus, présidente d'Action'elles ;
Axel Kahn, généticien ;
Marie-Thérèse Join-Lambert, administratrice d'association ;
Jacques Lebas, ancien président de Médecins du monde ;
Maxime Legrand, entrepreneur ;
Olivier Le Marois ;
Jacques Maillot, fondateur de Nouvelles Frontières ;
Jacques Mairé, syndicaliste ;
Dominique Méda, sociologue ;
Jean-Pierre Mignard, avocat ;
Thomas Piketty ;
Thomas Philippon ;
Thierry Pech, éditeur.

La liste complète des signataires peut être consultée et l'appel peut être signé sur : http://uneoccasionhistorique.org.

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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 08:02

Après les propos populistes de Nicolas Sarkozy sur la Turquie lors du débat d'hier soir, des nouvelles de la Turquie sur le blog d'un français expatrié

http://istambul.blog.lemonde.fr

03 mai 2007

Sarkozy en Cappadoce

sarkoturc.1178148381.jpgAvant de revenir plus en détails sur les dernières évolutions de la crise politique turque, je vous invite à méditer sur cette phrase de Nicolas Sarkozy, lancée, à propos de la Turquie, au cours du débat télévisé avec Ségolène Royal.

“Si vous expliquez aux habitants de la Cappadoce qu’ils sont Européens, vous allez renforcer l’islamisme”.

A vos commentaires…

En Turquie, Royal bat Sarkozy

Une petite parenthèse dans l’actualité turque pour vous livrer les résultats du vote de dimanche dernier en Turquie, pour le premier tour de l’élection présidentielle française. Premier constat: la participation est loin d’avoir atteint le niveau record
enregistré en France. Environ 50% des 3.000 Français inscrits en Turquie sont allés voter.

Et ce n’est guère une surprise, ils ont largement soutenu Ségolène Royal. Nicolas Sarkozy arrive seulement 3e, derrière François Bayrou.

Segolène Royal : 40.6 %

François Bayrou : 25.7 %

Nicolas Sarkozy : 23.7 %

Dominique Voynet : 2.8 %

Jean-Marie Le Pen : 1.94 %

Olivier Besancenot : 1.87 %

Tous les autres candidats sont à moins de 1 %

 

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2 mai 2007 3 02 /05 /mai /2007 10:57
"Ma lettre aux Français"

Nous voici dans la dernière ligne droite d’un grand et beau combat démocratique qui va décider de l’avenir et des valeurs de la France pour cinq ans et en réalité plus longtemps encore. Aujourd’hui, le choix se clarifie et c’est très bien ainsi. C’est un choix entre deux conceptions différentes de l’exercice du pouvoir, deux conceptions du redressement économique, social et écologique du pays, deux approches de l’Europe et du rôle de la France dans le monde.

Le désir de changement est vif et très largement partagé. Face à un système dépassé, injuste et inefficace, inefficace parce qu’injuste, une majorité de Françaises et les Français n’en peuvent plus et n’en veulent plus. L’exaspération est là, palpable, mais l’espérance aussi. Je veux y répondre en réformant profondément le pays mais sans brutalité et en rassemblant largement, au-delà des partis et des blocs, tous ceux qui veulent une France plus fraternelle et en même temps en prise sur son époque, capable d’en relever les défis, forte d’une confiance retrouvée et qui réconcilie l’efficacité économique et sociale. Trop de temps a été perdu, trop de cartes gâchées, trop d’inégalités creusées, trop d’inefficacité économique, trop de dette : il y a urgence. A chacun de prendre ses responsabilités.

La France a choisi pour devise des valeurs universelles. La France n’est jamais aussi forte, aussi respectée, aussi aimée que quand elle porte haut et fort ce message de justice et quand elle en donne l’exemple chez elle. Quand ces valeurs sont malmenées, la France ne se reconnaît plus.

Je veux une France de liberté. Et la première des libertés, c’est celle de choisir et de conduire sa vie. Parce qu’on a un bon bagage éducatif de départ. Parce qu’on a un emploi qui permet de vivre dignement et de faire des projets. Parce qu’on conserve sa vie durant le goût d’apprendre et la possibilité de se former. Parce que les solidarités sont au service de cette liberté et de cette responsabilité individuelle. Je sais que nous sommes nombreux, très nombreux, à ne pas vouloir que notre pays soit transformé en laboratoire d’un berlusconisme tardif qui va s’aligner sur les postures de Georges Bush. Je sais que nous sommes nombreux, très nombreux à rejeter la confusion des pouvoirs, la mise au pas des contre-pouvoirs, la soumission au pouvoir de l’argent. Voilà pourquoi j’appelle au rassemblement de tous ceux qui ne veulent pas d’un Etat de droit au plus bas et d’un recul des libertés publiques.

Je veux une France de l’égalité des possibles, pas simplement formelle mais réelle. L’égalité républicaine, ce n’est pas tout le monde sous la toise, ce n’est pas l’uniformité. C’est le droit égal garanti à chacun qu’il pourra aller au bout de ses possibilités, grâce à la priorité donnée à l’Education, qu’il sera aidé quand il en aura besoin, qu’il lui faudra donner s’il a reçu car l’égalité des droits suppose l’égalité des devoirs. L’égalité républicaine, c’est l’assurance donnée à tous d’un traitement impartial, indifférent à la naissance, à l’origine, à la fortune, au carnet d’adresses. Ce n’est pas l’exonération des droits de succession pour les patrimoines les plus riches, cette restauration des privilèges héréditaires de la rente contre lesquels, jadis, le peuple français fit une Révolution. Ce n’est pas la promotion de quelques uns sous prétexte de discrimination positive, qui assigne à l’origine et masque mal l’abandon du plus grand nombre. Ce n’est pas la remise en cause de la loi de 1905 pour mettre les religions dans la politique et la politique dans les religions, ce n’est pas l’instrumentation des communautarismes et des clientélismes. Ce qui menace notre identité nationale, ce n’est pas l’immigration régulière, c’est la destruction de notre pacte républicain. Car il en va ainsi chez nous : quand la République s’affaisse, la France s’abaisse.

Je ne veux pas d’une France en proie au doute, tentée par le repli, s’abandonnant à la peur, affaiblie par ses divisions et impuissante à maîtriser son destin. Je veux une France de la fraternité, une France unie qui reprenne la main. Une France capable de changer sans se perdre. Une France capable de se réformer parce qu’au clair sur ses valeurs et forte de tous les siens. Sans la fraternité, la liberté et l’égalité se désaccordent. Voilà pourquoi j’appelle au rassemblement de tous les Républicains de progrès qui veulent, eux aussi, que la loi du plus juste l’emporte sur la loi du plus fort. Voilà pourquoi j’appelle au rassemblement de tous ceux qui ne veulent pas d’un pouvoir confisqué par un seul parti et soumis aux puissances de l’argent et aux injonctions du Medef et du CAC40.

L’Etat, spécialement en France où sa formation est ancienne, a préexisté à la démocratie. Il s’est construit dans des siècles où l’arbitraire était la règle et le droit l’exception. Depuis 1789, et malgré des retours en arrière, l’Etat a dû se plier au respect de la loi : le citoyen a peu à peu conquis des droits, l’anonymat et la brutalité de l’action publique ont dû laisser place à plus de transparence et de dialogue.

Mais notre Etat porte encore les stigmates des conditions de sa naissance et des habitudes d’un pouvoir sans frein. Qui ne voit que l’autorité judiciaire ne jouit pas encore de la pleine indépendance imaginée par Aristote et élaborée par Montesquieu ? Qui ne voit que les citoyens sont ravalés souvent encore à la condition subalterne d’administrés et ne parviennent ni à comprendre la logique des décisions qu’on leur impose, ni à faire valoir leur droit légitime dans les arcanes d’une administration qui les traite parfois en importuns ? Qui ne voit que la collusion des pouvoirs politiques et économiques bride l’indépendance de la presse et favorise les abus dans les nominations et les rémunérations comme on l’a vu à Airbus ? La droite porte la lourde responsabilité d’avoir aggravé la subordination de la justice, ignoré les citoyens et confondu l’intérêt public avec les intérêts privés.

Les Français veulent un Etat impartial et je veux le construire avec eux. Aujourd’hui, l’Etat n’est pas assez présent là où on a besoin de lui mais il est envahissant là où il multiplie sans raison les procédures et la bureaucratie, le maquis des aides et des démarches. Il est trop timide là où il devrait jouer son rôle d’entrainement et trop lointain là où il devrait être proche, à l’écoute, réactif. Il se trompe souvent quand il décide seul. Voilà pourquoi j’appelle au rassemblement de tous ceux qui veulent un Etat réformé avec des services publics efficaces, un Etat qui enraye la vertigineuse croissance d’une dette qui l’étouffe.

Je veux une France capable de vérité. Une France lucide sur ses points faibles, énergique sur ses points forts, capable d’anticiper les mutations nécessaires, de se mobiliser pour réinventer son avenir, d’investir dans l’éducation, la recherche et l’innovation, aujourd’hui paupérisées et sinistrées, dans la qualification et les emplois de qualité. Car c’est la seule réponse vraiment moderne aux transformations de l’économie mondialisée et de la compétition planétaire. Le projet coercitif de Nicolas Sarkozy se trompe d’époque et tire la France du mauvais côté de la nouvelle division internationale du travail. Il ne comprend pas l’efficacité économique du travail pour tous et du bien-être au travail. En disant aux uns de « travailler plus pour gagner plus » et en faisant peser sur les autres, ceux qui n’ont pas d’emploi, le soupçon de paresse et de fraude, il empêche la France de tirer parti de son principal atout, de son avantage concurrentiel le plus durable : son capital humain. Quel est ce projet de société où l’on ne pourrait pas s’en sortir dans le cadre de la durée légale du travail ? Ce qu’une vision archaïque ne cesse de disjoindre et d’opposer – la performance économique, la performance sociale, la performance écologique – je veux au contraire le lier solidement ensemble car c’est ainsi que la France se relèvera, misera sur les activités et les emplois de demain. L’économique d’un côté, le social de l’autre, l’écologique à part, cela ne marche pas, cela ne marche plus. Personne n’a jamais réussi à restaurer la compétitivité française, stimuler la créativité, l’inventivité, la réactivité économiques dont nous avons besoin en écrasant, en méprisant, en traitant mal les salariés producteurs de richesses. Ce modèle est inefficace, comme le prouve la situation actuelle, car l’avenir de la France, ce sont des productions à forte valeur ajoutée, des services de qualité donc des salariés qualifiés, motivés, engagés dans leur travail. Je veux, avec les PME construire une nouvelle donne qui leur permettra de réussir, de se développer, de conquérir les marchés. En un mot, de réconcilier la France avec les entreprises.

Il faut un regard neuf sur l’économie du XXIème siècle et, pour tirer parti de nos atouts, de nouvelles règles du jeu. Il nous faut inventer et mettre en place les nouvelles sécurités qui ne seront pas l’ennemie mais la condition de la prise de risque et de l’agilité nécessaire dans la « grande transformation » du temps qui est le nôtre. L’Etat sera garant de ce nouveau compromis social et du nouveau dialogue qui, arrachant la France à l’archaïsme de ses relations de travail, fondera enfin dans notre pays une démocratie sociale facteur de réussite économique.

Le pays a besoin d’oxygène. Voilà pourquoi la nouvelle République que je veux bâtir avec tous repose sur quatre piliers à mes yeux indissociables : une démocratie représentative rééquilibrée, une démocratie participative vivante, une démocratie sociale forte d’un syndicalisme de masse et une démocratie territoriale où chaque échelon de la puissance publique sait, sans doublons, ce qu’il a à faire.

La voix de la France dans le monde a faibli. Sa place en Europe, comme inspiratrice de sa construction et garante d’un juste équilibre entre développement économique et progrès social, est contestée. Avec moi, elle retrouvera son rang et son influence, elle défendra ses intérêts sans crispation ni arrogance, en recherchant toujours des compromis dynamiques et les solutions les meilleures pour elle comme pour nos partenaires.

L’Europe est en panne institutionnelle et en panne d’idéal, en mal de projet. Où va l’Europe ? A quoi sert la construction européenne ? C’est parce que depuis trop longtemps nous n’avons pas su répondre à ces questions, qu’une majorité de nos concitoyens ont dit non il y a deux ans. Je ramènerai la France à la table de l’Europe, parce que c’est ensemble, avec tous nos partenaires, anciens et récents, que nous préparerons le plus efficacement l’avenir. Je veux une Europe de la connaissance, où les étudiants et les chercheurs échangent, travaillent ensemble, voyagent, coopèrent. Je veux une Europe de l’excellence écologique. Je veux une Europe qui comprenne que l’efficacité économique et le respect des salariés ne vont pas l’une sans l’autre. Je veux une Europe qui protège ses emplois, non pas de façon conservatrice et statique, mais en innovant, en se projetant dans l’avenir, en construisant les industries et les services de demain. Je veux une Europe où les salariés seront sécurisés, mieux formés, mieux rémunérés. Je veux enfin une Europe qui pèse dans la mondialisation, une Europe qui porte par ses actes un message de développement économique et humain, d’égalité entre les hommes et de paix entre les peuples. L’Europe doit se tourner vers l’Afrique pour l’aider à s’arracher à la pauvreté, vers l’Amérique latine où elle est attendue, vers l’Asie où sont les nouvelles grandes puissances économiques et politiques. Elle doit trouver un juste équilibre dans ses relations avec les Etats-Unis, pays ami et allié, et l’amener à renoncer à l’unilatéralisme et à accepter la nécessité du développement durable.


Cette France neuve, ce vote d’audace pour un changement serein mais garanti, c’est celui d’une France Présidente qui avance parce que chacun et chacune est appelé à donner le meilleur de lui- même."


Ségolène Royal

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2 mai 2007 3 02 /05 /mai /2007 09:05
Discours de Dominique Strauss-Kahn à Lyon

Mes amis, je suis venu ce soir vous dire quelques petites choses simples, trois petites phrases. Trois petites phrases qui pour moi doivent résumer notre conviction et notre engagement dans les jours qui sont devant nous.

La première, c’est que nous devons gagner.

La seconde, c’est que nous pouvons gagner.

La troisième, c’est que nous allons gagner !Oui, nous devons gagner.

Nous devons gagner, pas pour nous-mêmes, même si dans cette salle, j’en suis sûr, il y a des hommes et des femmes qui souffrent de salaires trop faibles, de risque de chômage, ou peut-être de chômage déjà durable, de retraites qui ne permettent pas de boucler les fins de mois, mais nous devons gagner pour les autres, car même ceux qui souffrent dans cette salle, parce qu’ils sont de gauche, ils savent qu’ils se battent pour les autres, pour ceux qui souffrent encore plus. Nous devons gagner.


Nous devons gagner pour tous ceux qui sont opprimés dans leur travail, tous ceux qui cherchent un emploi, qu’ils aient 20 ans ou 50 ans et qui n’arrivent pas à entrer sur le marché du travail, pour tous ceux que nous rencontrons tous les jours, vous comme moi, et qui nous disent : « Il faut que ça change, ça ne peut plus durer. » Pour eux, parce qu’ils en ont besoin, nous devons gagner.

Nous voulons de la volonté politique, pas du renoncement, comme Nicolas Sarkozy face aux banlieues par exemple, où il se contente bien de laisser ceux qui sont dans les cités et qui y restent, à condition de mettre un cordon de police autour et d’empêcher qu’ils viennent salir les beaux quartiers.

Oui, pour ceux qui sont dans les cités, nous devons gagner.

Nous voulons de la compétence et pas de la fumée, comme quand Nicolas Sarkozy, encore hier à la télévision, nous dit qu’il va combler le trou de l’assurance maladie par une franchise. Injuste ! Insupportable quand il la fixe à 10 euros par personne ! Mais quand on compte, 10 euros par personne, 60 millions de Français, c’est 600 millions, il en faut 6 milliards pour le trou, ce n’est pas 10 euros la franchise de M. Sarkozy, ce sont 100 euros, il faut la combattre dix fois plus fort. Pour tous ceux qui sont malades, pour les patients qui ont besoin de solidarité, nous devons gagner.

Nous voulons des valeurs de solidarité, pas d’individualisme, comme quand Nicolas Sarkozy nous dit : « Mais il faut pouvoir travailler plus si on veut gagner plus ! » Et qui prévoit de libérer les heures supplémentaires pour qu’elles soient plus faciles. Alors que se passera-t-il quand une entreprise aura de l’emploi à fournir ? Elle le fournira à ceux qui sont dedans, et jamais à ceux qui sont dehors. Plus jamais un chômeur ne sera employé !

Pour ceux qui cherchent un emploi, nous devons gagner !

Dans la société de Nicolas Sarkozy, il y aura des gagnants, mais il y aura surtout des perdants. Sa société, c’est la société des gagnants-perdants, ce que Ségolène Royal nous propose, c’est la société des gagnants-gagnants.

Mais nous devons gagner pas seulement pour ceux qui souffrent, nous devons gagner aussi pour l’Europe, comme Romano Prodi vient de nous le dire, comme d’autres, partout en Europe autour de nous, nous le diraient. Les Européens, qu’ils soient de droite ou de gauche, regardent aujourd’hui la France, ils savent que c’est de France que doit venir l’impulsion. Ils savent que sans la France, l’Europe ne repartira pas.

Et quand ils regardent ce qui est proposé, ils voient une petite Europe, une mini-Europe, proposée par une mini-France, et par un mini-traité, sans doute porté par un mini-candidat. Et ils savent que ceci conduira à régler quelques problèmes du jour, le mini-traité, mais que c’est renoncer à l’ambition de la construction européenne.

Nous, nous voulons que ce ne soit pas simplement dans les proclamations, mais dans les engagements et dans les décisions que l’Europe parte de l’avant.

La présidence française, ça ne peut pas être la fille peu légitime de Rastaquouère et du petit **, la présidence française, ça doit être une grande présidence. Les Européens nous regardent, ils nous attendent, et pour eux, nous devons gagner.

Pour cette Europe, cette Europe que nous avons construite, nous Français, avec d’autres, mais beaucoup nous Français, et qui porte la trace de la France, la trace de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, la trace des droits de l’homme, cette trace qui vient de la Révolution française, et qu’au travers de deux siècles d’histoire, tous ceux qui se sont battus à gauche, tous les démocrates ont fait fructifier dans notre pays, et que, par touches parfois insaisissables, nous avons su faire rentrer dans l’Europe.

C’est parce que cette Europe pour nous doit être l’Europe des droits de l’homme que je veux ce soir, ici à Lyon devant vous, condamner ce qui se passe en Pologne, où un homme, dont chacun d’entre nous s’enorgueillerait d’avoir fait autant pour les libertés en Europe, est aujourd’hui menacé d’être déchu de son mandat de député européen. Devant vous, je veux dire à mon ami Bronislaw Geremek mon admiration.

Oui, nous devons gagner.

Alors, me direz-vous, est-ce que nous pouvons gagner ?

Oui, nous pouvons gagner, le premier tour l’a montré. Il a montré comment la gauche s’était déjà largement rassemblée sur le nom de Ségolène Royal. Il a montré comment, au soir du premier tour, tous ceux, et c’est bien légitime, qui avaient pu préférer à gauche un autre candidat ont appelé à voter pour Ségolène Royal.

Ce premier tour, il a montré que notre peuple, celui dont on disait qu’il ne s’intéressait plus à la politique, qu’il était découragé par l’action politique, était capable de se mobiliser et venir à plus de 80 % voter pour l’élection présidentielle.

Oui, la mobilisation est là, et c’est pour ça que nous pouvons gagner.

Nous pouvons gagner aussi parce que les quelques jours qui se sont écoulés depuis dimanche ont montré à tous les Français ce que serait la présidence de Nicolas Sarkozy : l’anathème lancé sur tous les autres, le débauchage des parlementaires centristes, les menaces contre les médias qui auraient osé organiser le débat réclamé, jusqu’au syndicat de journalistes qui, dans une dépêche tout à l’heure, s’est levé contre cette atteinte à la démocratie, un Sarkozy pas encore président, c’est déjà un danger ; un Sarkozy président, ce sont les libertés en cause !

Nous avons vécu, vous avez vécu, il y a un an de cela, des manifestations autour du CPE.

Nous avons vu comment, lorsqu’un homme de droite est convaincu de l’action libérale, de sa justesse, il est capable d’avancer vers le mur, de mettre les Français dans la rue.

Demain, si la droite devait être élue, ce n’est pas un CPE sur l’emploi des jeunes, ce sont cinq, dix CPE, sur la santé, sur le droit de grève, sur les retraites, sur le droit du travail… C’est la France en conflit !

Les Français ne veulent pas de cela, ils veulent une France rassemblée, ils ne veulent pas une France du conflit, et pour cela, nous pouvons gagner.

Ce que propose Ségolène Royal, c’est une société démocratique, une société ouverte. Ce que nous propose Nicolas Sarkozy, c’est la société du libéralisme et la société du corset. Et les Français ne veulent pas cela.

Alors, mes amis, nous allons gagner !

Nous allons gagner parce que, dans les jours qui viennent, Ségolène Royal saura rassembler autour d’elle.

C’est moi, moi qui, vous le savez, ai été candidat contre elle qui vous le dis.

On ne peut pas demander une procédure démocratique dans son parti et ensuite ne pas se plier au vote des militants, et donc je la soutiens de toute ma force.

Aujourd’hui en France, quand on est de gauche, quand on est démocrate, on vote pour Ségolène Royal.

On ne cherche pas des faux-fuyants, des mauvaises raisons, des arguments techniques. On dit : je suis de gauche. On dit : je suis un démocrate. On dit : le choix nous engage pour cinq ans, pour dix ans peut-être. On dit : je vote pour Ségolène Royal.

Mes amis, vous êtes les fils et les filles du progrès.

Vous êtes les héritiers d’un combat centenaire, d’un combat dans les corons pour l’égalité, d’un combat dans la rue pour les libertés. Il nous faut maintenant, dans ce combat historique, puiser la force pour gagner. Il faut que ceux qui nous ont précédés nous apportent leurs ressources. Toi, Jean Jaurès, il faut que tu nous donnes ta profondeur. Toi, Léon Blum, il faut que tu nous donnes ton courage. Toi, François Mitterrand, il faut que tu nous donnes ta vision.

Oui, devant vous, ce soir, j’invoque leurs noms : toi Jean, toi Léon, toi François, pour Ségolène !

Mes amis, il est temps que la gauche se lève, il est temps que nous commencions à marcher, sans cesse, sans faiblir, jusqu’au 6 mai, pour que, pour la première fois dans notre pays, une femme soit élue présidente de la République.

Il faut maintenant que vous vous leviez pour le progrès, pour la République et pour la France.

Ségolène, nous t’attendons !
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1 mai 2007 2 01 /05 /mai /2007 12:33
D'éminents généticiens reviennent sur les propos de Nicolas Sarkozy et apportent leur soutien à Ségolène Royal.

 
Les propos de Nicolas Sarkozy [« J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile… » ou « Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense." ] ont appelé des commentaires de généticiens, comme Axel Kahn, sur les ondes de quelques radios ou dans les pages de quelques journaux, et, en attendant la réaction des sociétés savantes (il y en a huit, dont la Société Française de Génétique et la Société Française de Génétique Humaine) sur un sujet qui devraient les rappeler à de douloureux souvenirs, il semble utile aux signataires de ce texte de s’adresser à l’opinion.

Il faut rappeler que cette question de l’hérédité, comme déterminant possible de faits sociaux, est une vieille histoire dans laquelle la génétique balbutiante des années 20-30 s’est fâcheusement compromise. Mais le développement de cette discipline a permis, avec le temps, de prendre conscience et de mesurer l’ampleur des simplifications abusives et des aberrations auxquelles certains de ses disciples s’étaient laissés aller durant cette période.

1. Un peu d’Histoire :

- Depuis 1869 et la publication par Francis Galton de l’ouvrage sur « l’hérédité du talent », tout un courant faisant indûment appel au Darwinisme, sous la forme dite du « Darwinisme social », prétend que les maux dont souffre la société, le paupérisme, l’alcoolisme, les déviances sexuelles, les pathologies psychiatriques, seraient d’origine naturelle, donc de naissance car déterminées par l’hérédité qui a pris ensuite le nom de génétique (le développement de la génétique moderne ne datant que des années 1910-1920).

- A partir de ce point de vue, Galton en 1883 et bien d’autres (Weismann et Haeckel en Allemagne, Gobineau, l’un des initiateurs du concept de race aryenne, et Vacher de Lapouge en France), ont développé un Eugénisme qui consistait à dire que, si toutes ces tares étaient d’origine génétique, il convenait d’en tarir la source : les américains, les suédois et les allemands entreprirent des stérilisations forcées, parfois massives ; les nazis allèrent plus loin en 1934 avec l’éradication par euthanasie. Les anglais, au nom de l’Habeas Corpus, ne firent rien.

- En France, ce type d’opinion a toujours été minoritaire et le fait de cercles d’extrême droite : notre prix Nobel de médecine, Charles Richet, soutenu par un autre prix Nobel, Alexis Carrel, proposa en 1919 « la suppression des anormaux » et leur collègue, le Dr Binet-Sanglé leur en suggéra le moyen par « l’utilisation du gaz ». Mais sous Vichy, les seules mesures prises seront de type nataliste et non eugénique.

Toujours est-il qu’il convient, devoir de mémoire et conscience citoyenne obligent, de connaître son Histoire.

2. Un peu de génétique :

Les généticiens passent leur temps à démontrer au laboratoire, et à enseigner à leurs étudiants, que si « rien de biologique n’existe sans les gènes », il est absurde d’imaginer que « tout est dans les gènes », cela vaut pour l’intelligence, le génie ou la sexualité et ses déviances.

De la même manière, il est absurde de considérer que tout le Requiem de Mozart est dans sa partition, puisque ce qu’on entend dépend aussi des interprètes, de leurs instruments et du chef d’orchestre.

Les gènes (la partition) ne suffisent donc pas à déterminer un caractère complexe comme un comportement, cognitif ou sexuel, car le vécu (l’orchestre et les instruments), en l’occurrence, l’éducation, l’apprentissage ou le manque d’apprentissage, viennent superposer leurs effets, de la même façon que les couches répétées de neige viennent enrober les reliefs rocheux au point de pouvoir en « effacer » les formes.

On sait qu’il existe des facteurs génétiques de risque pour le diabète ou l’obésité, mais même ici, le généticien ne dira pas que c’est de naissance, puisque la maladie suppose, pour se développer, l’adjonction de nombreux facteurs de risque du milieu.

Si des facteurs de risque peuvent éventuellement exister, encore qu’on n’en a pas le moindre début de preuve, pour le suicide ou la pédophilie, il serait de toute façon absurde de dire que « c’est de naissance ». Dire cela revient à simplifier outrageusement le problème en réduisant sa causalité à un déterminisme génétique supposé et non démontré, alors qu’il existe un déterminisme social ou sociétal évident, massif et accessible à la connaissance : on ne peut disculper la société de sa responsabilité dans le suicide ou la pédophilie en faisant appel à d’hypothétiques facteurs génétiques de risque. Pour prendre un exemple tragiquement récent, la société américaine ne saurait éviter d’analyser ses propres responsabilités dans la tuerie du campus de Virginia Tech au motif que le tueur était dépressif et violent et qu’il pourrait peut être y avoir des facteurs génétiques de risque.

Est-il besoin aussi de rappeler qu’il est possible d’agir sur les facteurs du milieu par l’action sociale ou éducative alors qu’il serait difficile d’agir sur des facteurs génétiques, à moins de retomber dans les errements du passé rappelé ci-dessus ?

3. Que penser de ces propos ?

Soit il s’agit de propos délibérés, soit il s’agit de propos maladroits.

La première hypothèse serait grave car elle signifierait qu’ils sont destinés à un frange très extrême de l’électorat et, au demeurant, « maladroits car bien à droite » et pouvant indisposer une fraction beaucoup plus majoritaire de cet électorat (il suffit de considérer la réaction immédiate de l’église catholique, traditionnellement opposée à toute forme d’eugénisme).

La seconde, la maladresse, est plus vraisemblable, mais n’en est pas moins inquiétante si on considère que cette réaction spontanée traduirait alors le fond de la pensée de Nicolas Sarkozy sur le déterminisme de certains des maux tragiques de notre société.

Ceci semble bien confirmé par les propos additifs des jours suivants ; ce type de pensée à l’Elysée constituerait là aussi une rupture avec la tradition française.

Signataires :

* Jean-Louis Serre, professeur de génétique à l’université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines, membre du conseil d’administration de la SFGH (Société française de génétique humaine).

* Bernadette Limbourg-Bouchon, professeur de génétique à l’université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines, secrétaire générale de la SFG (Société française de génétique).

* Jean-Michel Rossignol, professeur de génétique à la faculté de Paris Sud (Orsay).

* Catherine Bonaïti-Pellié, directrice de recherche INSERM (unité de génétique épidémiologique et structure des populations humaines), secrétaire générale adjointe de la SFGH (Société française de génétique humaine).

* Simone Gilgenkrantz, professeur émerite de génétique humaine, CHU de Nancy.

* Bernard Prum, Laboratoire Statistique et Génome, CNRS-INRA-Université d'Evry

* Laurent Becquemont, professeur, Service de génétique moléculaire et pharmacogénétique, Faculté de médecine Paris Sud (Orsay).

* Jean François Bureau, chef de Laboratoire à l'Institut Pasteur

* Bertrand Fontaine, professeur à Paris VI, chercheur en génétique humaine et directeur de laboratoire INSERM

* Avner Bar-Hen, professeur de biostatistiques, Universite Paris 13

* Françoise Clerget, directrice de l'Unité INSERM de génétique épidémiologique et structure des populations humaines.

* David Tregouet, chercheur en génétique statistique, unité INSERM 525.

* Mehdi Alizadeh, Assistant scientifique, Laboratoire HLA, EFS (Etablissement français du sang) de Rennes

* Jean-Luc Vayssière. Professeur de Biologie à l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

* Brigitte Simon-Bouy, docteur en médecine génétique humaine, docteur es science, directeur adjoint du laboratoire de diagnostic génétique SESEP.

* Etienne Mornet, PhD, PAST à l’Université de Versailles, directeur adjoint du laboratoire de diagnostic génétique SESEP.

* Catherine Brenner-Jan, CR-HDR, CNRS UMR 8159, université de Versailles.

* Claudie Isnard, professeur de génétique à Paris VII, Institut Jacques Monod, Paris.

* Christine Mutti, médecin généticien, présidente du réseau GIFO (Génétique Ile de France Ouest).

* Dr Pascale Kleinfinger, cytogénéticienne, Insitut Pasteur-CERBA.

* Nicolas Janin. Docteur en Médecine, Docteur es Sciences, Génétique Humaine CHU de Liège, Belgique (citoyen français)

* Dr. Nathalie Leporrier, MCUPH Génétique, Département Génétique et Reproduction, CHU Caen

* Dr Marie-France Portnoï, Laboratoire de Cytogénétique, Hôpital Saint-Antoine

* Sylvie Girard-Orgeolet, MCU-PH de Génétique, Université René Descartes/ Groupe hospitalier Cochin Saint-Vincent-de-Paul

* Jean Pierre Siffroi, Professeur à la Faculté de Médecine de l’Université Pierre et Marie Curie, Chef du Service de Génétique et d’Embryologie médicales à l’hôpital Armand Trousseau.

* Florence Richard, MCF, cytogénomique et évolution, Universite Versailles Saint Quentin

* Evelyne Heyer - Professeur de génétique des populations humaines - Muséum National d'Histoire Naturelle.

* Dr Clarisse Baumann, PH, génétique clinique, Hôpital Robert Debré, Paris

* Edith Heard, PhD, Mammalian Developmental Epigenetics Group, UMR 218 - Nuclear Dynamics and Genome Plasticity, Curie Institute.

* Vincent Colot, DR Unité de Recherche en Génomique Végétale (URGV), UMR INRA 1165 - CNRS 8114 – Université d’Evry.

* Guillaume Stahl, MCF, Université Paul Sabatier, CNRS - LBME, Toulouse.

* Franck Viguié, Laboratoire de Cytogénétique - Service d'Hématologie Biologique, Hôpital Hôtel-Dieu, Paris.

* Sylvie Odent, médecin, Professeur de Génétique médicale, CHU de Rennes

* Laurent Pasquier, PH Unité de Génétique - Hôpital SUD, Rennes.
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1 mai 2007 2 01 /05 /mai /2007 09:00

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Une façon simple de réduire l'accès à l'information, les sanctions financières :

*Article 26 /bis/ A*

I à V. – /Non modifiés/..............................................................

V /bis/. – Après l’article 222-43-1 du même code, il est inséré une section 4 /bis/ ainsi rédigée :

/« Section 4 /bis

*/« Dispositions générales/*

« /Art. 222-43-2/./ – /Est constitutif d’un acte de complicité des atteintes volontaires à l’intégrité de la personne prévues par les articles 222-1 à 222-14-1 et 222-23 à 222-31 et est puni des peines prévues par ces articles le fait d’enregistrer sciemment par quelque moyen que ce soit, sur tout support que ce soit, des images relatives à la commission de ces infractions.


« Le fait de diffuser l’enregistrement de telles images est puni de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende.

« Le présent article n’est pas applicable lorsque l’enregistrement ou la diffusion résulte de l’exercice normal d’une profession ayant pour objet d’informer le public ou est réalisé afin de servir de preuve en justice. »

Une "liberté d'expression" réservée aux professionnels, voir LA et sur les liens accessibles

Une information "labellisée" gouvernementale en projet ? voir ICI

 

 
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1 mai 2007 2 01 /05 /mai /2007 08:54

Après la diatribe extrêmiste de Nicolas Sarkozy contre 1968 dans son meeting berlusconien de Bercy, il parait sage de relire l'analyse d'un sociologue critique et mesuré sur ces événements et leurs conséquences.

Cet article a été publié par l'Expansion en 2005.

Jean-Pierre Le Goff: "Dépasser Mai 68, oui. L'effacer, non"
L'Expansion

Conseil d'un sociologue à l'usage des jeunes générations : se réconcilier avec la démocratie pour digérer 68, sans revanchisme ni nostalgie.

 

 

Auteur notamment de Mai 68, l'héritage impossible (La Découverte, 1998), le sociologue et philosophe Jean-Pierre Le Goff réfléchit à la manière dont les générations suivantes se sont situées par rapport à cet événement. La parution de nombreux livres rédigés par des trentenaires (voir L'Expansion n° 700) qui veulent « régler leurs comptes » avec 68 montre surtout qu'on n'en a toujours pas fini avec ce moment de notre histoire.

Plusieurs ouvrages écrits par des trentenaires s'attaquent aux soixante-huitards. N'est-ce pas étrange, au moment où les valeurs de 68 semblent avoir triomphé ?

-C'est dans les années 80, avec François Mitterrand, que la société a paru se réconcilier avec Mai 68 et les années contestataires qui ont suivi. Les générations qui avaient formé le mouvement étudiant arrivaient à des postes de responsabilité, porteuses de nouveaux thèmes : antiautoritarisme, féminisme, écologie, multiculturalisme... Cela coïncide avec le succès du livre Génération, de Hervé Hamon et Patrick Rotman, qui est la première grande célébration des soixante-huitards, ou du moins d'une partie d'entre eux. C'est aussi à cette période que Libération devient un journal branché, coqueluche des yuppies, et non plus un organe gauchiste. Le PS, qui ne vient pourtant pas de cette culture, va récupérer ces thèmes au moment où le projet socialiste entre en crise et où s'opère un retournement de la politique économique. La gestion des contraintes va s'habiller d'une nouvelle idéologie qui se traduit dans le tout culturel de Jack Lang et la célébration de la modernisation dans tous les domaines. Au bout du compte, cette reconnaissance de la « pensée 68 » se produit quand toutes les grandes idéologies s'effondrent. Mais elle semble aujourd'hui arrivée à son terme, malgré ses défenseurs attitrés et ses héritiers dans quelques grands médias.

Les jeunes générations sont-elles en train de rompre le cordon ?

-L'imaginaire post-soixante-huitard continue de susciter à la fois fascination et répulsion. Les soixante-huitards ont poussé jusqu'au bout l'image de la jeunesse et du peuple adolescent perpétuellement révoltés. Celle-ci fait désormais partie des stéréotypes culturels et commerciaux. Et les jeunes générations qui ont suivi ne sont pas arrivées à s'en détacher. Pour y parvenir, il leur faudrait rompre avec la posture du rebelle et créer autre chose. Mais on ne voit pas poindre un autre mouvement de révolte et de création semblable à celui des années 60. La jeunesse, comme la société dans son ensemble, est beaucoup plus fragmentée et désillusionnée. La musique illustre très bien cette situation. Dans les années 60, le jazz et le rock, musiques issues de la modernité, avaient un très fort impact sur la jeunesse en même temps qu'ils avaient une vocation universelle. Aujourd'hui, on assiste à beaucoup de remakes, de mélange des genres, d'ouverture sur toutes les musiques du monde. Quant au rap, il exprime une culture de banlieue victimaire où chacun lutte pour sa survie dans des « jungles urbaines ». Cette musique exprime une ghettoïsation. On est loin de la dynamique et de l'impact global du jazz et du rock dans les années 60.

Est-ce que nous n'avons pas légué à nos enfants la désillusion à l'égard du progrès et de l'avenir ?

-Oui, quand on interroge des trentenaires, leurs réponses sont souvent désabusées. Elles se résument en deux formules : « L'absence d'héritage pour tout héritage » et « Au moins, on aura été prévenus ». Mais de quoi ? Du fait que tous les idéaux pour lesquels les parents et grands-parents avaient cru utile de se battre ont tourné court ? Ce n'est guère stimulant. Avec toutes ses folies et ses irresponsabilités, la période des années 60 était dynamique et optimiste. Elle portait la marque de la toute-puissance de la modernité, à un moment historique bien particulier : les Trente Glorieuses. L'exigence d'une liberté absolue sans référent et sans ancrage, alliée à l'idée de table rase, a été portée par la révolte d'une génération d'enfants gâtés (relativement aux générations antérieures), élevés dans le contexte du développement de la consommation et sous la protection de l'Etat providence. Tel n'est pas le moindre des paradoxes : dans son extrémisme même et sa coupure avec le réel, le mouvement contestataire de l'époque portait la marque de la dynamique d'expansion des Trente Glorieuses qui permettait à la jeunesse étudiante de vivre dans une relative insouciance.

Donc une période joyeuse, sinon optimiste ?

-C'est beaucoup plus nuancé. Il faut se garder d'une lecture rétrospective : s'il y a une continuité, il y a aussi une coupure dans les années 70. Jusqu'en 1973, on est encore dans la période des Trente Glorieuses, on veut aller jusqu'au bout de la modernité. Le thème révolutionnaire se mêle à la fête à outrance, à la drogue, à la musique, avec un sentiment d'irresponsabilité joyeuse. Mais en 1973, la fin des Trente Glorieuses s'amorce avec la crise du pétrole et l'arrivée de thèmes aux antipodes de l'insouciance des années précédentes. On le voit bien avec l'écologie, qui porte une vision noire, catastrophique, du présent et de l'avenir de l'humanité, à l'inverse du messianisme révolutionnaire et de l'utopie joyeuse. La candidature de l'agronome René Dumont à la présidentielle en 1974 parle de pollution, de dégradation de l'environnement, de risques de la croissance, etc. Tout n'est plus possible, on s'inscrit dans la limite. Les thèmes écolo-gistes et féministes se pacifient avec une dimension moralisatrice qui vise à changer la mentalité d'un peuple considéré comme un rassemblement de « beaufs ». C'est cette version-là du mouvement soixante-huitard qui a triomphé.

Les nouvelles générations peuvent-elles s'affranchir de ce lourd héritage ?



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29 avril 2007 7 29 /04 /avril /2007 17:00

Communiqué de la Ligue des Droits de l'Homme

28 avril 2007 - Election présidentielle

Le 6 mai, barrons la route à l’autoritarisme, votons pour défendre les droits et les libertés

Contre-pouvoir et association civique luttant contre l'arbitraire, l'injustice et l'intolérance, la Ligue des droits de l’Homme n’intervient dans le débat électoral que si le bon fonctionnement de la démocratie, l'effectivité de la citoyenneté et le respect des principes de liberté, d'égalité et de fraternité sont en jeu.

 

 

 

 

Nous venons de vivre cinq années de régression des libertés, de l’égalité et de la fraternité. Tous les pouvoirs ont été accaparés par un seul courant politique. L’autoritarisme, le recours aux moyens d’exception ont accompagné le renforcement du contrôle social, le choix du tout répressif, le recul des droits des justiciables, les attaques contre l’indépendance des juges. L’insécurité sociale a été renforcée pour les plus faibles, la protection sociale fragilisée, la précarité du travail encouragée. Les « marginaux », les « différents », les jeunes des quartiers défavorisés, ont été traités en boucs émissaires, les étrangers traqués jusque dans les écoles maternelles, les familles les plus démunies sanctionnées pour leur pauvreté.

 

 

 

 

Si Nicolas Sarkozy se voyait confier la plus haute charge de l’Etat, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas : loi durcissant encore la répression pénale, nouvelle loi anti-étrangers, contrat de travail « unique » se substituant au CDI, sans parler du ministère de l’« identitaire » et de l’immigration… Il est de notre devoir d’alerter les citoyennes et les citoyens de ce pays : la poursuite et l’amplification de la politique menée depuis cinq ans ne serait pas un «rêve» mais un cauchemar. Nous ne voulons pas d’une démocratie muselée qui, parce qu’elle laisserait sur le bord de la route des millions de personnes, attiserait le communautarisme, le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie et ouvrirait la voie aux révoltes sociales.

 

 

 

 

Nous voulons une autre France : fière de sa diversité, soucieuse que chacun puisse réaliser ses aspirations, porteuse des libertés et rénovant sa démocratie. La France n’est jamais aussi grande que lorsqu’elle met ses actes en accord avec son ambition séculaire de voir tous les droits valoir pour tous. Pendant qu’il en est temps, la LDH appelle les électeurs à choisir la solidarité et non la peur, le respect et non les menaces, l’égalité et non les discriminations.

 

 

 

 

La Ligue des droits de l’Homme appelle à voter et à faire voter, le 6 mai 2007, pour Ségolène Royal.

 

Paris, le 28 avril 2007.

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